Le Général CALLIES est né
le 7 août 1896 dans le Finistère. Issu d'une famille militaire, il se destine
naturellement au métier des armes. En 1914 il rentre à Saint-Cyr : mais à la
fin de l'été il participe à les premiers combats sur le front. A peine
démobilisé, retour à Spécialiste des coups de
main, il publie " l'art de faire des prisonniers de guerre '' avant de
partir au Levant pour deux années. En novembre 1921 il est affecté à l'armée
du Rhin, prépare l'Ecole de guerre où il est reçu en 1922. Puis, dès 1924, il
rejoint le MAROC. Alors qu'en 1925 le Riff prend feu, le Capitaine CALLIES
est chef du 4° Bureau de l'Etat-major de la région de Fez, responsable des
ravitaillements du Front Nord du MAROC. Il est de tous les combats. La
dissidence soumise lors de l'été 1926, il rentre à PARIS en janvier 1927. Il
reviendra au MAROC en 1932 au commandement du 2ème puis 3ème Bataillon du
7ème R.T.M. à la tête desquels il poursuit la mission de pacification de
l'Atlas. De 1935 au second conflit
mondial, il enseigne la tactique à I' E.S.G.Chef d'état-major de la 20ème
D.I. il est engagé dans le secteur de SIERCK puis à la frontière du
LUXEMBOURG. Peu après l'armistice il repartira au MAROC où il reforme le 8ème
R.T.M. dans des conditions, on l'imagine, extrêmement difficiles. En novembre
1942, il préside la délégation Française auprès de Il fut notamment directeur
des Ecoles d'Aspirants de l'Afrique du Nord (Cherchell et Médiouna). Puis en août 1943, il prend
le commandement de l'Infanterie de la 2ème Division Marocaine et attaque avec
elle en Italie en 1943. Sous ses ordres, trois régiments de tirailleurs
s'emparent du Mt MAJO en mai 1944, volet essentiel et délicat dans la
manœuvre du plan JUIN. Peu après, il part sur les
Pyrénées où l'on craint l'agitation espagnole. Le 15 janvier 1945 il prend la
tête de la lère D.I. .Son talent d'organisateur prend là toute sa mesure. Sur
le DANUBE à l'armistice, il est envoyé avec sa division relever les Américains
en SARRE dont il devient le premier gouverneur. En février 1946, il crée
l'Ecole d'Application de l'Infanterie à AUVOURS. Dernière grande étape de ce
long chemin, l'Inspection générale des Forces terrestres, maritimes et
aériennes de I'AFN en 1954. Il quitte le service actif en 1957. Grand croix
de Juillet 1988, il donne son nom à une promotion de
Saint-cyr. On l'aura remarqué cette
vie militaire fut d'une extrême densité et d'une extrême intensité. Il
n'était pas possible de brosser un tableau complet de cette carrière par
l'intermédiaire d'une biographie ; l'aspect descriptif n'aurait que
partiellement rendu compte de certains moments. A l'opposé par manque de
matière première, Il était impossible de trouver des textes du Général se
rapportant à chaque épisode de sa carrière. Aussi avons-nous opté pour une
solution intermédiaire dont l'avantage incontesté reste de publier des textes
écrits par Jean CALLIES. Cinq "thèmes'' ont été retenus : - La Grand Guerre : c'est pendant ces quatre longues
années que J. Calliesfit ses preuves de combattant, de meneur d'hommes, qu'il
se spécialisa dans les coups de main de tranchées. - Le Levant
: expérience unique où se mêla pour le Capitaine CALLIES le sentiment
d’œuvrer pour une grande idée en même temps qu'étaient incomprises
les réactions de la métropole. Il en sera de même au MAROC puis en ALGERIE. - Le Maroc
: terre de prédilection du Général CALLIES ,il participera aux nombreuses
colonnes et opérations de pacification dans entre-deux-guerres. Une nouvelle
fois, le combat dans ce terrain difficile n'aura plus de secret pour lui. - La Campagne
d'Italie : il convenait de publier un texte rappelant le rôle joué par
l'armée d'Afrique en Italie avant de mieux cerner la part prise dans le
processus de décisions opérationnelles lors de la conquête du Mt MAJO par la
de DIM. L'infanterie en était commandée par le Colonel CALLIES. - Fantassin
et Africain : la condition et la raison d'être. L'Afrique aura joué un
rôle central dans la vie militaire du Général CALLIES. La terre tout d'abord
qu'il voulait proche de Par delà ces cadres
géographiques et temporels le Général Callies a
acquis un certain nombre de certitudes sur la guerre, fruits de sa longue
expérience. Ecoutons-le : ''J’ai pu trop de
magnifiques soldats se faire tuer ou ce qui est encore plus grave en faire
massacrer d'autres en obéissant à de simples schémas sans faire fonctionner
leur matière grise : on se bat d'abord avec son cerveau et cela depuis le
plus modeste 2ème classe jusqu'au général en chef '' . '' La tactique : pas de
règles mais uniquement des cas particuliers à résoudre, trop complexes, trop
variés pour pouvoir être codifiés dans des schémas réglementaires ''. En revanche le Général
CALLIES s'offusque que l'on ne tire pas expérience du passé. Dans
l’avant-propos d’ « un traité d’Art militaire à
l'usage des T.O.E. » il écrivait : '' Nous avons été frappés
au MAROC d'une part de l'incontestable unité qu’y présentent les
problèmes à résoudre et d'autre part de l'impréparation bien souvent
totale des esprits à saisir les données pour pouvoir leur trouver une
solution. I1 est, en particulier, fort regrettable que les leçons des durs
événements de 1920 et 1921 au Levant dont les acteurs avaient su tirer une
doctrine de guerre qui les avait menés au succès, n'aient point servi au
MAROC lors de la guerre riffaine de 1925''. Le Général CALLIES voyait
en outre comme dangereux ''tout ce qui empêche de penser : danger de
l'ordre mal compris, danger de la routine, danger du précédent''. Dans ce cas, qu'est-ce que
la guerre pour un homme qui l'a pratiquée une grande part de son existence.
'' La guerre comporte un fond immuable et des procédés qui varient à 1
'infini et il faut savoir renouer ce qui est de l'un ou des autres. Ce qui
reste immuable à la guerre, ce sont : Les fondamentales qui régissent
les conditions dans lesquelles les forces en présence essaient d'abord à
s’équilibrer puis à rompre l'équilibre à leur profit. L'utilisation du
mouvement et du feu dont l'importance relative varie en fonction de la
densité des moyens employés par rapport à l'étendue du terrain, ce sont les moyens
donc les procédés et les combinaisons d'emploi : ne pas s’enfermer dans
des formules, demain fausses ''. Voici pour la guerre.
Partant, quel doit être le chef idéal ? Il faut être d'une
honnêteté d'esprit absolue et ceci est très difficile. En effet toutes les
relations de combat sont fausses, systématiquement et volontairement. Systématiquement parce que
la vision même du combat pour chaque combattant est erronée, elle est
forcément trop fragmentaire dans le temps et dans 1 'espace pour fournir une
vue d'ensemble et ne donne que du détail ; elle est faussée par la
préoccupation de la lutte et par l’émotion qui va jusqu’ à créer
très souvent de véritables hallucinations … enfin elle ne fait pas état
de la situation exacte du parti adverse qui est toujours en majeure partie
inconnu. Volontairement ; le
désir d'atténuer certaines ombres au tableau erreurs de jugements, de
décision, faiblesse d’exécution. Il faut avoir vu, surtout
beaucoup pratiqué pour pouvoir dissocier le faux du vrai, l'exagéré du réel,
le particulier du général. Avant de devenir ce
Théoricien, le général CALLIES fut un praticien avec toujours ce mot à
l'esprit : '' Il n' y a pas de surhommes. Le fait guerrier n'est pas, comme
la politique, une pensée qui se mue en action. C'est une action sous-tendue
par une pensée certes mais dont on tire une philosophie : la philosophie de
l'action''. Regrettons que le temps,
une des grandes servitudes de notre époque, ait trahi le général CALLIES qui
n'a pu nous laisser de mémoires retraçant l'agir et le penser d'une vie
militaire pleine de ce siècle. |